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Tous les soirs les amis venaient et disaient : « Mangeons ta femme ! mangeons ta femme ! — Laissez-la engraisser ! laissez-la engraisser ! » Petit Jean entendait tout leur tapage ; la gale l’empêchait de dormir et il passait les nuits à se gratter.

Un jour il dit à sa sœur : « Mais, ma sœur, avec qui vous êtes-vous mariée là ? Avec un loup qui vous mangera ! » La femme répondit : « Eh toi ! comment oses-tu parler ainsi ? » Alors Petit Jean lui dit : « Laisse-moi attacher une ficelle au bout de ton pied. Quand les loups danseront, je tirerai dessus, et tu écouteras. »

Le soir, les loups viennent danser. Petit Jean tire sur la ficelle. Madame s’assied et elle entend : « Mangeons-la ! mangeons-la ! — Laissez-la engraisser ! laissez-la engraisser ! » Madame eut grand peur.

Le lendemain elle dit : « Ah ! mon frère ! comment ferai-je pour retourner chez maman ? » Petit Jean lui répondit : « Tu m’as appelé galeux ! moi, je m’en vais chez nous ; pour toi, débrouille-toi. — Ah ! mon frère ! ne me laisse pas ici ! emmène-moi à la maison ! »

Voilà Petit Jean qui fait un panier. Le panier fini, il dit à son beau-frère : « Amusons-nous ! faisons un petit jeu. Mets dans le panier toutes sortes de bonnes choses : de bon manger, de bon poulet, de bon pain, de bon boire, de bon vin,