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en pleurant et lui dit : « Demande-moi tout ce qu’il te plaira ! demande ! tu l’auras ! » Le prêtre lascar lui dit : « Je vais voir si vous êtes homme de parole : j’ai une fille, je veux que le prince Sabour l’épouse. — Oui, certes, répond le roi, Sabour épousera ta fille, va la chercher. » Là-dessus, Sabour se met debout : « Ça, mon père, jamais ! jamais ! donnez au lascar tout ce qu’il voudra, mais que j’épouse sa fille, jamais ! jamais ! » Le vieux roi est interdit et ne sait quoi dire. Puis il se fâche et injurie Sabour. Le prêtre lascar fait semblant d’être furieux et dit à Sabour : « Si j’avais pu prévoir l’affront que vous deviez faire à ma fille, je vous aurais laissé mourir comme un chien ! Mais, parlez ! dites vos raisons ! Pourquoi refusez-vous d’épouser ma fille ? Ma fille est plus jolie que vous ! » Le roi se joint à lui ; tous deux le pressent : « Parlez ! parlez ! » Sabour prend la main de son père et lui dit : « Mon père, il faut me pardonner ! je ne puis me marier, puisque je suis marié déjà, et j’aime tant ma femme que je préférerais mourir que de la quitter pour en épouser une autre ! » Le roi lève ses deux mains au ciel, Sabour tombe assis sur le bord de son lit. Voilà le prêtre lascar qui enlève le turban de sa tête et la fausse barbe de sa figure et qui dit à demi-voix : « Sabour ! Sabour, regarde-moi ! » Sabour relève la tête, le regarde,