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son corps. » La jeune femme est heureuse de ce qu’elle a entendu, et s’endort. Le lendemain, au point du jour, les oiseaux s’envolent. Elle remplit un petit pot de leur guano de la nuit, et s’en va.

Lorsque la jeune femme arrive à la ville, le deuil est partout ; on pleure dans les rues : le prince Sabour a passé une mauvaise nuit, les médecins s’attendent à le voir mourir d’un instant à l’autre, il n’y a plus d’espoir. La jeune fille court au palais du roi ; elle dit à la sentinelle qui est à la porte d’aller en toute hâte prévenir le roi qu’il y a là un prêtre lascar portant une médecine qui va guérir le prince Sabour. Le roi accourt et lui dit : « Si tu sauves mon enfant, tout ce que tu me demanderas je te le donnerai ; mais, s’il meurt, je te couperai le cou. » La jeune femme lui répond : « Ce sont bien là mes conditions ; mais il n’y a pas de temps à perdre, allons ! »

Quand ils entrèrent dans la chambre de Sabour et que la jeune femme aperçut son pauvre mari étendu sur son lit comme un cadavre, elle fut obligée de s’asseoir pour ne pas tomber. Mais rappelant à elle son courage, elle s’approche du lit, tire son onguent de sa poche et en frictionne tout le corps de Sabour. Que croyez-vous ? Voilà tout le verre pilé qui sort du corps de Sabour, et Sabour est guéri.

Le roi saute sur le prêtre lascar, il l’embrasse