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rien que français. Dans la cinquantaine d’histoires que nous sommes parvenu à recueillir, nous n’en reconnaissons qu’une seule d’origine indienne, une seule aussi d’extraction malgache ; cinq ou six sont probablement nées sous le ciel de Maurice ; les autres, — la preuve en sera faite sans doute par mes savants correspondants de France et d’Allemagne, — toutes les autres sont de provenance exclusivement française.

Mais en s’acclimatant chez nous, ces contes ont dû se modifier assez profondément pour qu’on ait parfois quelque peine à les reconnaître comme les contes mêmes de la mère-patrie. Pour faire cette constatation avec une précision suffisante, pour établir l’identité de ces contes, pour débrouiller tous les amalgames qui se sont produits, en isoler les divers éléments et les renvoyer chacun à sa place, il nous aurait fallu la possibilité de recourir à des sources d’information qui manquent totalement dans notre petit pays. Nous l’avons essayé cependant ; mais sur ce point, nous le savons, les folkloristes européens auront à rectifier les erreurs, à combler les lacunes de notre travail. Notre ambition se borne à leur fournir des matériaux : nous donnons le lièvre, à eux de faire le civet.

Le caractère essentiel du conte créole mauricien, c’est la naïveté, cette fleur spontanée du génie de l’enfance. C’est donc aussi dans l’insuffisance et le manque d’étendue du génie de l’enfance que nous trouverons la raison de cette absence de cohésion, de