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les médecins ne peuvent le guérir ; son père a tant de chagrin qu’il s’engage à donner la moitié de son royaume à celui qui guérira son fils. La jeune femme cache la gazette, et ne dit rien à son père ni à ses sœurs.

Le soir, quand tout le monde dort dans la maison, elle s’habille comme un prêtre lascar, s’applique sur la figure une fausse barbe, ouvre tout doucement la porte, et se sauve pour aller rejoindre le prince Sabour dans son pays. Mais il est bien loin, ce pays ! il faudra endurer bien des misères pour y arriver. Elle marche, elle marche pendant près de trois mois. La ville n’est pas loin maintenant, dans deux jours le voyage sera terminé.

Comme la nuit venait, la jeune femme se sentit lasse. Elle s’arrêta pour dormir au pied d’un grand arbre. Au moment où elle s’endormait, voilà qu’elle entend deux oiseaux causer dans les branches. Elle écoute ; un des oiseaux disait à son compagnon : « Je viens de la ville, le prince Sabour est au plus mal. Il mourra, bien sûr, car les médecins ne savent pas quel traitement lui faire, et la médecine n’est pas difficile à trouver : si l’on frottait son corps avec un peu de la fiente que nous jetons au pied de l’arbre sur lequel nous dormons, il guérirait vite, cet onguent lui ferait rendre tout le verre pilé qui a pénétré dans