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garçon ; mais elle était bien élevée, elle répondit : « Demandez à papa. » Le père arrive, et voilà le mariage décidé.

Mais les deux aînées sont jalouses de voir que leur cadette devienne la femme d’un fils de roi, alors qu’elles n’ont pas encore trouvé de mari, bien qu’elles soient plus âgées toutes les deux. Elles imaginent une méchanceté. Elles lui disent : « Petite sœur, nous sommes bien heureuses ! Tu sais que c’est nous seules qui devons faire ta chambre ; ce sont toujours les sœurs de la mariée qui disposent le lit le jour du mariage. N’aie pas peur ; le lit sera fait de telle manière que tu seras contente. » En faisant le lit, ces deux pestes sèment du verre pilé à l’endroit où doit se coucher Sabour. La cérémonie achevée, Sabour rentre dans sa chambre, se déshabille et se met au lit. Tout son corps est coupé par le verre pilé, son sang ruisselle. Il essaye de se lever, la force lui manque. Alors il dit à sa femme de lui apporter au plus vite son éventail. Il ferme l’éventail d’un coup, la femme regarde dans le lit, le lit est vide, Sabour n’est plus là.

La jeune femme pleure, gémit et attend son mari. Mais le mari ne revient pas. Six ou sept mois se passent. Un jour que la jeune femme lisait le journal, elle y voit écrite la nouvelle que le prince Sabour est bien malade dans son pays,