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poche le portrait de sa fille et le tend à Sabour. Sabour est stupéfait : jamais il n’a rien vu d’aussi charmant ; le voilà amoureux, il est pris. Mais, sans rien laisser voir, il va prendre un éventail dans son armoire et dit au marchand : « Puisque vous avez eu l’honnêteté de me faire de beaux présents, je veux en retour donner quelque chose à votre fille. Ayez la complaisance de lui remettre cet éventail, je suis sûr qu’il lui fera plaisir. Mais remettez-le-lui de la main à la main, et recommandez-lui bien d’attendre pour l’ouvrir qu’elle soit toute seule dans sa chambre. » Le marchand remercie le prince et sort du palais. Il remonte sur son éléphant, et cette fois l’éléphant se met en marche.

De retour dans sa maison, le marchand donne à l’aînée de ses filles son collier de diamant ; à la seconde, la robe de velours bleu ; il donne à la dernière l’éventail dans sa boîte et lui dit comment elle ne doit l’ouvrir que quand elle sera seule dans sa chambre. Le marchand s’en va. Lorsque la jeune fille est seule, elle ferme la porte de sa chambre, tire l’éventail de sa boîte et l’ouvre ; c’était un éventail magique : le prince Sabour paraît. Il se jette aux genoux de la jeune fille, il prend sa main, l’embrasse et lui dit : « Je suis venu pour vous épouser. » La jeune fille est tout heureuse, car le prince Sabour était joli