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affaires dans le pays où il était allé, il songea à s’en retourner. Il achète un collier de diamants pour sa fille aînée, une robe de velours bleu pour la seconde, mais pour la troisième il n’achète rien, ne sachant pas ce qu’elle désire. Tous ses ballots sont ficelés, le marchand monte sur son éléphant et lui dit : « Allons, partons ! » mais l’éléphant ne bouge pas. C’était la manière de faire de cet éléphant : quand son maître avait oublié quelque chose, il refusait de marcher que son maître ne se fût rappelé ce qu’il avait oublié. Le marchand s’interroge, cherche ; à moins que ce ne soit le cadeau de sa troisième fille, il ne manque rien ! « Peut-être, se dit-il, que dans ce pays-ci il y a quelque chose du nom de Sabour ; il faut que je m’informe. » Il interroge une bonne femme qui passe ; la vieille lui répond : « Oui, je sais ; le fils du roi se nomme Sabour. » Le marchand est interloqué : comment pourra-t-il rapporter ce cadeau-là à sa fille ! Mais que faire ? l’éléphant refuse de marcher : il faut bien essayer. Le marchand se rend au palais du roi ; il porte des présents magnifiques au prince Sabour, et demande à lui parler. Quand il est seul avec le prince, il lui raconte son fait. Sabour se met à rire de l’idée qu’il pourrait servir de cadeau à la fille du marchand, et lui demande en plaisantant si sa fille est vraiment jolie. Le marchand tire de sa