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ouah ! impossible ! Elle appelle toutes les demoiselles qui sont là pour retirer la bague : pas moyen. Peau d’âne, qui assiste à toute la scène, se dit en elle-même : tout à l’heure, nous verrons bien ! Voilà le roi qui prend peur. Si son fils allait mourir ! Il sent son cœur le quitter. Il envoie un de ses soldats sonner de la trompette par toutes les rues. Et le soldat criait que si une jeune fille réussissait à tirer la bague de la gorge du prince, c’est elle que le prince épouserait.

C’est une procession, un défilé de jeunes filles qui fourrent et refourrent le doigt dans la bouche du prince ; peine perdue, la bague est attachée au fond de la gorge. La reine commence à pleurer. Le prince essaye de parler et dit tout bas à sa mère : « Ah ! maman, comme je souffre ! Mais laisse Peau d’âne essayer ; peut-être elle réussira. » Peau d’âne essaye. Que croyez-vous ? La bague est juste à son doigt ! le doigt entre, et voilà la bague dehors. La reine ne sait quoi dire et reste interdite. Le prince tâte sa gorge et s’écrie : « Oui ! oui ! voilà ce qui s’appelle être soulagé ! Certainement, c’est Peau d’âne que j’épouserai ! » La reine se fâche et s’emporte ; mais son fils lui dit : « Eh vous ! maman ! je dois tenir la promesse de papa ; papa, vous le savez, n’est pas un roi à dire blanc puis noir ! »

Tandis qu’ils se querellaient ainsi pour savoir