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elle les tue, leur ouvre le ventre et en tire le foie. Quand elle arrive chez elle, elle donne les deux foies à son bonhomme loup et lui dit :

— Voilà leurs foies, mange. Pour moi, je suis épuisée de fatigue ; j’entre au lit, j’ai besoin de dormir.

Le loup mange, et, quand il a fini, il ne se sent pas le ventre plein. Il dit avec humeur :

— Mais pourquoi donc ne m’avoir pas apporté leurs deux corps ?

La bonne femme se fâche :

— Ah ça ! me croyez-vous un cheval pour transporter deux gros corps comme ça ! Eh vous, bonhomme ! assez grogner, n’est-ce pas ? Laissez dormir les gens ; j’ai sommeil ! [1]


  1. Le cadre n’est pas de nous, non plus que bien des détails : on connaît dans toutes les provinces maritimes de la France le navire qui va aussi bien sur la terre que sur l’eau ; la montagne labourée, ensemencée et donnant sa récolte dans une heure, n’est pas non plus de notre invention ; pas davantage les cailloux parlants que Jeanne jette dans la chaudière. Mais le conte est