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Le loup arrive. Il voit une charrette traînée par un âne, l’âne refuse dans une montée. Il demande au charretier :

— Eh vous, charretier ! Vous n’avez pas vu Jean et Jeanne passer sur le chemin ?

Le charretier ne s’occupe que de sa charrette ; il pousse à la roue et crie à son âne : « Haïe, toi ! haïe, toi ! »

Le loup répète sa question, le charretier crie : « Haïe, toi ! haïe, toi ! — Vous n’avez pas vu Jean et Jeanne ? — Haïe, toi ! haïe, toi ! »

Bonhomme loup y renonce. Il monte au haut de la côte et regarde : personne sur le chemin que le charretier et sa charrette. Le loup est contraint de retourner chez lui, et raconte tout à sa bonne-femme. Sa bonne femme lui dit :

— C’est trop fort d’être bête comme toi ! c’est encore eux, ça ! Mieux vaut que j’y aille moi-même ! jamais tu ne les rattraperais !

La bonne femme part.

Jeanne tourne la tête ; elle voit venir la bonne femme et dit à Jean :

— Jean, mon pauvre Jean ! cette fois c’est maman qui vient, nous sommes pris ; maman est plus fine que moi ! Mais je vais toujours essayer, le hasard nous fera peut-être échapper.

Et voilà Jean et Jeanne qui se changent en deux fleurs.