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— Eh toi, canard ! N’as-tu pas vu Jean et Jeanne passer par ici ?

Le canard répond : « Couin ! couin ! » Bonhomme loup renouvelle sa question ; le canard répond toujours : « Couin ! couin ! » Le loup est obligé d’y renoncer. Il monte au sommet d’un grand arbre, regarde, regarde au loin : personne sur le chemin ! Que faire ? Tout déconcerté il redescend, retourne chez lui et raconte tout à sa bonne femme :

— Je n’ai rencontré qu’un canard ; mais à toutes mes questions, il n’avait qu’une réponse : « Couin ! couin ! couin ! couin ! » Il n’y a pas d’animal aussi bête que le canard !

La bonne femme se met à rire :

— Si fait va ! Je connais un animal plus bête que le canard ! Le loup est plus bête que le canard ! Comment ! tu n’as pas deviné que c’était eux-mêmes, ça ! C’était eux-mêmes, te dis-je ! Jeanne s’est moquée de toi ; c’était elle le canard ; va les attraper.

Le loup est furieux. Il retourne sur le grand chemin à la course.

Jeanne tourne la tête ; elle voit venir le loup et dit à Jean :

— Voilà papa qui revient. Mais tu n’as pas besoin d’avoir peur : laisse-moi faire. Tu seras une charrette et un âne, je serai le charretier.