— Si fait, Jean ! tu es brave comme moi-même.
Le lendemain, bonhomme loup conduit Jean sur le sommet d’une grande montagne. Il donne à Jean une pioche de plomb avec une gratte de plomb et lui dit :
— Voici une bonne pioche, voici une bonne gratte. Pioche toute cette montagne et plante-la en maïs. Il est huit heures. Quand je reviendrai, à dix heures, si toute la montagne n’est pas labourée, si tout le maïs n’est pas poussé, je te mangerai.
Petit Jean prend la pioche ; il donne un coup, la pioche ploie ; il prend la gratte, il gratte un coup, la gratte se redresse. Rien à faire. Il jette la pioche et la gratte, s’assied sur une roche et se met à pleurer.
Jeanne arrive avec son déjeûner.
— Eh toi, Jean ! tu pleures encore, tu pleures toujours ! Mais qu’est-ce que ça veut dire, donc ?
— Voyez vous-même, Mamzelle ! Votre père m’a donné cette méchante pioche avec cette mauvaise gratte ; il m’a ordonné de fouiller toute la montagne et de planter du maïs. À son retour, si la montagne n’est pas plantée d’un bout à l’autre, si le maïs n’est pas mûr, il me tuera, il me mangera.
Jeanne prend la pioche et en donne un coup ;