— Voilà des arbres, voilà une hache, une scie et un rabot ; fais-moi un navire qui aille partout dans les roches. Il est huit heures ; je reviendrai à dix heures. Si le navire n’est pas fini, je te mangerai !
Petit Jean prend les outils ; il coupe le bois, le taille, le met en place, essaye : ça ne va pas. Que faire ? Il prend les outils, les jette loin de lui, tombe sur l’herbe et pleure.
Vers neuf heures et demie arrive Jeanne qui porte à Jean son déjeûner. Elle le voit qui pleure et lui demande :
— Mais, Jean, qu’as-tu donc à pleurer ? qu’est-ce qui te fait pleurer ? pourquoi as-tu du chagrin ?
Et tirant son mouchoir de sa poche, elle essuie les yeux de Jean. Jean lui répond :
— Voyez vous-même, Mamzelle. Votre père m’a donné à faire un navire qui aille partout dans les roches. Quand il reviendra à dix heures, si le navire n’est pas fini, il me tuera, il me mangera.
Jeanne se met à rire et dit à Jean :
— Et c’est là ce qui te fait pleurer ?
Voilà Jeanne qui prononce quelques paroles à voix basse, et le navire est fini. Jeanne s’en va.
Au coup de dix heures, bonhomme loup revient ; il regarde le navire et dit :