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lets. « Faites votre prix vous-même. » Le cuisinier prend les poulets, les tâte, les soupèse : « Sept livres dix sous, si vous voulez. — C’est là votre premier prix, quel est votre second ? » Le cuisinier veut se moquer de lui et lui dit six livres cinq sous. « Prenez-les pour six livres cinq sous : je ne vends jamais que sur le second prix. » Il revient à la maison et raconte à sa mère. La bonne femme est furieuse ; elle veut le battre, il est obligé de se sauver.

Cette fois-là, la bonne femme lui donne à aller vendre un mouton : « Mais, pour mon mouton, ne fais pas comme pour mes poulets ! Écoute bien ce que je vais te dire. Les gens te feront un prix : laisse-les monter, monter jusqu’à ce que ça ne soit plus possible. Alors seulement tu donneras le mouton. Tu as entendu, n’oublie pas ce que je t’ai dit. » Il s’en va. Il rencontre un boucher ; le boucher lui offre huit roupies. « Impossible ça ; il faut que vous montiez. « Le fils du boucher, qui connaissait le pauvre diable, tire son père par la manche et lui dit : « Papa, ne vous en mêlez pas, laissez-moi, je sais comment faire l’affaire avec lui. » Il y avait près d’eux une échelle dressée contre un mur, le fils du boucher monte ; sur le premier barreau de l’échelle, il crie « sept roupies » ; il monte, il crie « six roupies » ; il monte, il crie « cinq roupies » ;