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Une autre fois, la bonne femme l’envoie acheter des aiguilles et lui dit : « Tu te rappelles l’histoire de la hache ! ne va pas me perdre mes aiguilles, au moins ! » Il part et revient. La bonne femme lui demande : « Eh bien ! mes aiguilles ? — N’ayez pas peur, maman, elles ne sont pas perdues ; en revenant, j’ai rencontré la charrette de M. Jean, je les ai éparpillées dans la paille. » La bonne femme crie après lui : « Pourquoi ne les as-tu pas piquées dans ton chapeau ! Voilà mon argent encore perdu. »

Un autre jour, sa mère l’envoie acheter du beurre et lui dit : « Tu te souviens des aiguilles ! ne va pas encore me perdre mon beurre. » Il va, achète le beurre et le met dans son chapeau. Le soleil piquait ; il fait fondre le beurre, le beurre coule sur sa figure, sur ses habits, il rentre à la maison sale comme un cochon. Sa mère lève les bras au ciel : « Pourquoi le bon Dieu t’a-t-il mis sur la terre ! Imbécile, va ! »

Un mois environ se passe. Sa mère lui donne deux poulets à aller vendre. Il ne sait pas acheter, peut-être saura-t-il vendre : « Mais ne va pas donner ces poulets pour le premier prix qu’on t’offrira, attends le second. — Bien sûr, maman, que j’attendrai le second prix ; me prenez-vous pour une bête ? » Il s’en va. Il rencontre un cuisinier, le cuisinier lui demande combien ses pou-