consentir. Admettre que l’Allemagne annexât l’Autriche, même par une « conquête morale », c’eût été encore lui reconnaître le droit de conquête. C’eût été la compenser territorialement de ce qu’elle perdait ailleurs, la favoriser au jeu de qui perd gagne, réaliser, au nom des principes de Wilson, le Mitteleuropa conçu par les pangermanistes. La réunion est et reste prohibée. Mais, comme pour la Pologne, la contradiction surgit avec les mêmes caractères. Elle réside dans les faits et dans les conséquences encore plus que dans les idées. Cette Allemagne à qui il est défendu, justement défendu, pour des raisons d’intérêt européen, de compléter son unité par l’Anschluss, elle garde d’autre part cette unité, inachevée à ses yeux. Elle reste un centre d’attraction puissant pour la petite République de Vienne. L’accessoire est séparé du principal. Et l’accessoire est sans défense, réduit à une vie misérable et précaire. L’Empire austro-hongrois était encore assez vigoureux pour tenir une dizaine de millions d’Allemands en dehors de la communauté germanique. À portée de sa main, l’Allemagne a désormais ces millions de frères pauvres et nus, réduits à une situation politique et géographique paradoxale. Là encore, pour 60 millions d’Allemands, la tentation est trop forte. L’appel à l’avenir est trop évident. Ils ne nous le diraient pas qu’il serait encore certain qu’à leurs yeux, ces frontières du Sud comme celles de l’Est sont provisoires. De même que la Pologne
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LES ALLEMANDS DÉBITEURS DES FRANÇAIS