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LES ALLEMANDS DÉBITEURS DES FRANÇAIS

militaire dès qu’il est l’expression d’un État, c’est­-à-dire d’une puissance politique. Que, ce qui revient au même, le germanisme est alors per­suadé qu’il a besoin du militarisme pour exister, pour protéger ses « marches » mélangées de races diverses. De la défense passer à l’agres­sion, il n’y a qu’un pas : les motifs sont les mêmes. La possession d’un bon instrument militaire donne fatalement l’envie de s’en ser­vir. Voilà ce qui a fait que la sécurité de la France et le repos de l’Europe, dans les temps anciens et modernes, ont été incompatibles avec une forte organisation politique allemande, que le siège en fût à Vienne ou à Berlin. Ce n’est pas seulement l’histoire de la France, c’est celle de la Pologne et de la Bohême qui conduit aux mêmes conclusions.

N’y a-t-il donc ni moyen ni espoir qu’une Allemagne, enfermée dans ses justes limites, ayant réalisé son unité nationale comme la France avait réalisé la sienne, vive en harmonie avec ses voisins ? Ayant obtenu son droit, tout son droit, mais rien que son droit, ne pourrait-elle devenir un membre pacifique de la famille européenne ? Admettons qu’à cet égard elle ait de son droit la même conception que les autres peuples. Nous voilà dans la pleine tradition poli­tique du libéralisme. Nous voilà au principe des nationalités, à l’hypothèse qui a mis aux prises, dans la France du siècle dernier, la diplomatie spéculative représentée par Napoléon III et la di­plomatie expérimentale représentée par Thiers.

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