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CE QUI A SAUVÉ L’UNITÉ ALLEMANDE

œcuménique, comme celle qu’il s’agissait de conclure, se fait avec des principes et des idées. Celles qui prévalaient jusque chez les négocia­teurs français étaient favorables à l’unité alle­mande. Ils ne croyaient pas que la dissociation fût possible. Ils la désiraient même faiblement. Et ce n’était pas en elle, mais dans la révolution, dans la conversion de l’Allemagne par la démocratie, qu’ils mettaient surtout leur espoir de rendre l’Europe habitable et sûre. Ce qui s’est passé dans les pays germaniques entre la chute de Guillaume II et la signature de la paix, le mouvement de centralisation qui a suivi la chute des dynasties : tout a été prétexte à persister dans l’abstention. On a refusé de prendre au sérieux, quand on ne les a pas découragées, les tentatives de république rhénane et c’est tout juste si leurs promoteurs n’ont pas été tournés en ridicule. Comme si les précurseurs, tant qu’ils n’ont pas réussi, n’étaient pas toujours un peu ridicules ! Un fort honnête homme, alors haut placé, très bon patriote, animé des intentions les meilleures, à qui nous parlions du docteur Dorten et de l’inquiétude qu’il don­nait aux autorités prussiennes, nous répondait que c’était très intéressant, mais qu’il ne fallait pas oublier que l’unité des nations se resserre et se trempe par la défaite et par le malheur. Ces raisons ont été déterminantes. On subissait l’analogie de l’histoire de France et la doctrine de l’évolution, cette évolution uniforme qui doit pousser tous les peuples, toutes les races,