Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
CE QUI A SAUVÉ L’UNITÉ ALLEMANDE

à ces vieux briscards que nous avons vus, à Mayence, rire amèrement quand un chef à l’es­prit ouvert leur demandait de distinguer les « Rhénans » des Prussiens.

Le jour même où, plaidant les circonstances atténuantes pour le traité de Versailles, il priait le Sénat de croire qu’il eût dissocié l’Allemagne s’il l’eût pu, M. Clemenceau apportait la preuve qu’il ne croyait pas à l’efficacité de cette disso­ciation. Il invoquait ses souvenirs de 1870 et il donnait en exemple la Bavière qui, non seule­ment avait marché avec la Prusse, mais qui avait montré dans la guerre une férocité inou­bliable. Il y a pourtant d’autres choses que la politique ne doit pas oublier. En 1870, l’armée bavaroise, bien que commandée par un prince prussien, était encore distincte de l’armée prussienne. Surtout elle n’avait reçu que dans une faible mesure le dressage prussien. Son infé­riorité militaire était manifeste et c’est sur elle que les Français remportèrent la plupart de leurs succès pendant la campagne. L’armée de la Bavière, en 1870, était à celle de la Prusse ce que l’armée autrichienne, en 1914, était à l’armée allemande. Quand l’indépendance des États allemands, même dans un système fédéral, ne servirait qu’à maintenir ces différences et ces inégalités de niveau, elle ne serait pas d’un poids négligeable. Ainsi la centralisation par la Prusse, au point de vue de la sécurité européenne, est ce qu’il importe avant tout d’éviter.

conséquences
5