Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

la politique française, conformément à un prin­cipe toujours maintenu depuis la paix de Westphalie, d’intervenir par tous les moyens, y compris ceux de la force, lorsqu’un des États de l’Allemagne faisait mine de vouloir sou­mettre et rassembler les autres.

Il n’était même pas besoin de connaissances historiques pour retrouver ces règles de con­duite aussi simples que sages. Le bon sens y suffisait. D’ailleurs, le particularisme allemand a des racines si profondes, il est tellement commandé par le génie de la race et celui des lieux, qu’un philosophe errant, un bohème politicien, Kurt Eisner, devenu par le hasard des révolutions dictateur à Munich, ne tardait pas à se tourner vers la France et, par des appels d’un idéalisme bizarre, cherchait à entrer en contact avec le gouvernement français. Un offi­cier allemand le tua comme un chien.

« Il m’a fait trop de bien pour en dire du mal. » Ainsi doivent penser les Français de · Georges Clemenceau. Mais ses idées et son œuvre, qui en découle, ont besoin d’être jugées. Homme de la guerre, M. Clemenceau n’était pas préparé à la paix. Il songeait à faire le plus de mal possible à l’Allemagne, et, là-dessus, Keynes, qui l’a vu au Conseil suprême, lui a rendu un témoignage éclatant. Seulement sa haine n’était ni informée ni clairvoyante. Pareil