Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tions, édifièrent une nouvelle Europe. Et lorsque, du silence parfois coupé d’orages où le Conseil suprême s’était enfermé, sortit le plus important des traités, celui de Versailles, qui donnerait leur forme aux autres, voici le monstre que l’on vit.

Une Allemagne diminuée d’environ 100 000 kilomètres carrés, mais, sur ce territoire réduit, réunissant encore soixante millions d’habitants, un tiers de plus que la France, subsistait au centre de l’Europe. L’œuvre de Bismarck et des Hohenzollern était respectée dans ce qu’elle avait d’essentiel. L’unité allemande n’était pas seulement maintenue, mais renforcée. Les Alliés avaient affirmé leur volonté de ne pas intervenir dans les affaires intérieures allemandes. Ils y étaient intervenus pourtant. Toutes les mesures qu’ils avaient prises avaient eu pour ré­sultat de centraliser l’État fédéral allemand et de consolider les anciennes victoires de la Prusse. S’il y avait des aspirations à l’autonomie ou au fédéralisme parmi les populations allemandes, elles étaient étouffées. Le traité poussait, enfer­mait, parquait 60 millions d’hommes entre des frontières rétrécies. C’est « l’Allemagne d’autre part » au nom de laquelle deux ministres sont venus signer à Versailles le 28 juin 1919.

Du fond de la Galerie des Glaces, Müller et Bell, de noir habillés, avaient comparu devant