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un caractère moral prononcé, car il est facile de mettre des lieux communs de moralité à la place du raisonnement politique qui exige un effort intellectuel et une préparation particu­lière. Ensuite un caractère « économique » non moins accusé et qui s’accorde avec le moralisme puritain. Cette alliance n’est pas une nou­veauté. Ici, elle a eu pour effet de primer toute considération vraiment politique. Le célèbre Economist de Londres concluait, le 5 juillet 1919, une étude sur la valeur du traité de Ver­sailles par ces mots : « L’Allemand n’est pas naturellement belliqueux. Or, il vient d’apprendre que la guerre n’est pas d’un bon pro­fit. Les États nouveaux ont encore à apprendre cette leçon : c’est le rôle de la Société des Nations de le leur enseigner ».

Ces prodigieuses simplifications ne doivent pas surprendre. Le président Wilson ne réglait­-il pas le sort du monde en quatorze points ? M. Lloyd George ne prêche-t-il pas dans l’Église non-conformiste de son village gallois ? Pour M. Clemenceau, la question d’Autriche ne se réduisait-elle pas à savoir que le comte Czernin avait menti ? La Conférence de la paix a été un concile. Après qu’il eut été entendu, une fois pour toutes, qu’on ne reviendrait ni sur la liberté des mers, ni sur les colonies, ni sur les navires de l’Allemagne, les principaux négociateurs, forts de l’armée d’experts et de techniciens qui leur apportaient, sur des questions particulières, des mémoires et des solu-