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POSITION DE LA FRANCE

giques. En Asie Mineure, elle prend volontiers la France, ou, à son défaut, la Grèce pour soldat. C’est que l’Angleterre n’a pas trop de ses forces pour elle-même, pour l’Égypte, pour l’Inde, pour la Mésopotamie, pour l’Irlande. Quand le gouvernement britannique, avec l’Allemagne ou avec les Soviets, recommande, impose les ménagements et la conciliation, voilà encore à quoi il pense.

À la fin du mois de juillet 1920, il a été distribué au Parlement britannique un rapport du maréchal sir Henry Wilson, dont la conclusion est lumineuse :

Il y a une dure leçon à tirer de l’histoire de notre campagne en Russie du Nord. Elle commence par le débarquement de 150 soldats d’infanterie de marine à Mourmansk en avril 1918 : ils sont suivis par 368 soldats fin mai, et à leur tour, le 23 juin, par 600 fantassins et mitrailleurs. À partir de cette date, les demandes de renforts se sont succédé sans interruption et nos obligations ont augmenté progressivement, sans que nous puissions y mettre un terme. Je crois que le contingent britannique atteignit le chiffre de 18 400.

La campagne de Mésopotamie commença de même par l’envoi de deux brigades et finit par absorber près de 900 000 hommes. Les six divisions avec lesquelles nous sommes entrés en guerre en France et en Belgique sont arrivées à 63 avant que nous eussions la victoire. La conclusion est facile à tirer : on dit que lorsqu’un contingent militaire se trouve engagé dans des opérations, il lui est presque impossible de limiter l’étendue de ses obligations. Dans l’état de chaos où se trouve aujourd’hui le monde, il ne serait pas sage de perdre de