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POSITION DE LA FRANCE

la neutralité belge pour un temps extrêmement bref. Comment en serions-nous surpris ? À la veille même de 1914, une alliance en règle répugnait à l’Angleterre. Nous n’avions jamais réussi à aller au delà d’une « entente cordiale ». L’Allemagne battue, l’Angleterre aspire de nouveau à se dégager des affaires du continent, à les surveiller et à les contrôler de haut, sans s’y mêler à fond. On a tort, peut-être, de parler de retour au splendide isolement. Ce n’est pas le principe même des alliances que l’Angleterre repousse. Ce sont les alliances terrestres, si l’on peut les nommer ainsi. Toutes ses préoccupations vont à la mer. Les statuts de la Société des Nations peuvent lui être un bon prétexte pour se dérober aux sollicitations. Mais, en dépit du Pacte, elle n’hésite pas, lorsqu’il s’agit d’intérêts maritimes et coloniaux, à contracter des engagements particuliers. Avec le Portugal, avec le Japon, elle a déjà renouvelé des contrats devenus traditionnels. La Grèce est le pion qu’elle pousse dans la Méditerranée orientale. Et c’est aussi par les intérêts coloniaux et maritimes que nous aurons le plus de chances de nous entendre avec les Anglais. À une condition, toutefois. C’est que nous tenions notre place et notre part en Orient, que nous y soyons forts, que nous n’y paraissions pas en parents pauvres. Il ne faudra pas nous laisser évincer ni conduire aux échanges coûteux. Et il ne faudra pas non plus, quand tout nous ordonne de nous concentrer, que le compagnonnage anglais