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POSITION DE LA FRANCE

compter, avec plus ou moins de difficultés et de retards, sur l’assistance des puissances anglo-saxonnes si nous étions attaqués de la même manière et dans les mêmes conditions qu’en 1914 et en admettant que l’histoire fût toujours semblable à elle-même. Toutefois, il y avait loin de ce casus fœderis, prévu pour un péril éclatant et d’extrême urgence, à une alliance intime et permanente qui eût joué dans la vie de tous les jours et pour l’application intégrale du traité. Une telle alliance supposait que les États-Unis et la Grande-Bretagne continueraient à avoir sur l’Allemagne les mêmes idées que nous, à regarder le problème allemand comme le problème essentiel et à ne pas avoir des intérêts et des soucis différents de ceux de la France, qui est avant tout une puissance continentale et européenne.

Il a suffi de peu de temps pour que l’Amérique revint à cette politique purement américaine dont une menace, qu’elle avait fini par sentir sur elle-même, avait été seule capable de l’arracher. Dans le cas le plus favorable, les États-Unis, ayant éliminé le wilsonisme, nous laisseront libres de nos mouvements et nous donneront leur approbation morale chaque fois que nous pratiquerons une politique de conservation et d’ordre. S’ils rompent avec les idées du président Wilson, c’est parce que la Société des Nations leur a fait craindre d’être entraînés malgré eux dans les complications européennes. Il serait donc imprudent de