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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

celui des vainqueurs et des profiteurs. Il importe de se souvenir que, si la guerre de 1914 a tant duré, si la victoire a été si difficile, si coûteuse, si tardive, c’est parce que la politique de l’Entente a été impuissante à désagréger le bloc ennemi autrement que par les armes. Reconstituer ce bloc, c’est donc la première chose à éviter, tandis que, d’autre part, il importe de ne pas nous aliéner les États qui ont joué sur le même tableau que nous et qui ont eu moins de comptes à demander à l’Allemagne qu’aux Hongrois ou aux Bulgares. Tâche malaisée. Que nous puissions avoir avec nous tous ces États, c’est assurément chimérique. Il est plus chimérique encore d’espérer que nous les réconcilierons tous avec leurs anciens adversaires et que la France exercera une protection paternelle sur la famille des moyens et petits États. Notre ressource sera d’essayer des séries de réconciliations, l’essentiel étant de prévenir un bloc de l’Europe centrale dont la direction ap- partiendrait encore à l’Allemagne, et de couper la ligne Berlin-Vienne-Budapest-Sofia. Il n’est pas douteux que si, pendant la guerre, la Bulgarie avait pu être détachée de la coalition adverse, cette défection nous eût été plus utile que l’alliance roumaine et elle eût été profitable à la Roumanie elle-même. Dans des cas pareils il faut savoir choisir. C’est ainsi qu’une Tchéco-Slovaquie neutre, même hostile, si c’était possible, serait encore préférable à un système germano-hongrois de l’Europe centrale. Ces choix seront