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POSITION DE LA FRANCE

pourront survenir, tant qu’il ne se produira pas d’accident qui affecte les détroits et Constantinople.

On vit encore sur l’idée que les alliances de la guerre se perpétueront. Ce serait désirable, mais extrêmement peu naturel. Une coalition, et surtout une coalition aussi vaste, ne peut pas survivre aux conditions qui l’ont créée. Tant de peuples ne peuvent pas garder le même point de vue, n’avoir qu’un seul intérêt. Celui de la France est d’être payée par l’Allemagne et d’être en sécurité vis-à-vis de l’Allemagne. Des alliances avec des pays qui n’ont pas les mêmes raisons que nous de considérer le problème allemand comme le problème principal, des alliances qui nous conduiraient à renoncer à une partie de nos droits seraient bien pesantes. Elles constitueraient pour nous une servitude ou bien elles ne fonctionneraient qu’avec des frottements continuels. Ce n’est pas tout. Il nous faut des Alliés qui voient les affaires allemandes avec les mêmes yeux que nous. Mais nous avons aussi à faire en sorte que nos alliances ne soient pas telles qu’elles apportent à l’Allemagne elle-même des alliés. Nous avons déjà montré, sans craindre les répétitions ni l’insistance, que notre option pour la Pologne aggrave le danger d’une conjonction germano-russe. Ce risque ne saurait être multiplié ailleurs. Ce qui peut se présenter un jour, c’est un syndicat des vaincus et des mécontents, bien plus actif, bien plus facile à constituer que