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L’ALERTE DE 1920 ET L’AVENIR DES SLAVES

nelle avancée du slavisme dans les Balkans, Les Russes l’avaientchérie, choyée, préférée maintes fois à le Serbie. La statue du tsar libérateur se dresse encore à Sofia. Les guerres bulgaro-serbes, même la dernière, celle de 1918, la plus haineuse, n’avaient pas réussi à tuer la chimère d’une Confédération balkanique, à laquelle l’Occident s’attardait. Il a fallu, en 1915, ce qu’on a appelé la trahison bulgare (comme si les Alliés n’avaient pas été trahis surtout par leurs illusions) pour qu’on s’avisât tout à coup que les Bulgares n’étaient pas des Slaves, mais d’indignes « Touraniens », frères des Turcs et des Hongrois. Rien de plus vain que cette mythologie des races, aussi capricieuse, aussi décevante que celle desnationalités. Avant d’être stigmatisée comme une « nation de proie », la Hongrie a passé longtemps pour une nation victime. Depuis 1913 seulement, les « atrocités bulgares » ont changé de sens, et les anciens persécutés sont apparus comme des persécuteurs. N’échafaudons plus jamais de politique sur ces vanités.

Bien hardi qui oserait annoncer l’avenir du slavisme. Les Bulgares en sont rayés pour cause d’indignité. Jusqu’à quand ? De leur côté, des Tchéco-Slovaques, les Yougo-Slaves suivent des routes incertaines et obscures. Ils ne sont pas disposés à se faire les instruments du système trop simple, vraiment naïf, qu’avaient