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LE JEU DE TRENTE-DEUX CARTES

lisme inculte, propre aux démocraties qui ne connaissent qu’elles-mêmes, restreint ces circonstances favorables à notre action politique et les anciennes commodités de nos relations extérieures. Heureux si, à la longue, il ne les abolit pas.

Ainsi, dans cette vaste partie de l’Europe où nous avons à chercher des alliés et les éléments d’un nouvel équilibre, tout est faiblesse et con­fusion. Les éléments interchangeables de l’équi­libre ancien ont disparu. La Russie, sans doute pour longtemps, est hostile. Nous avons détruit l’Empire austro-hongrois de nos mains. Huit ou dix États, dont l’existence est précaire, jalon­nent les pourtours de l’Allemagne unie. Loin de nous aider, ce sont eux qui auront besoin de notre assistance : la Pologne, prise entre deux feux, ne le montre que trop. Et pourtant, — mais rien n’est sûr, — c’est encore en elle que notre confiance serait le mieux placée.

Ce n’est pas tout. Ces peuples sont faibles, et le propre des faibles, c’est l’égoïsme. Ils seront naturellement portés à rechercher des combinaisons par lesquelles ils croiront se mettre à l’abri de leurs trop puissants voisins, moyen d’ailleurs infaillible d’avancer l’heure et de se livrer à eux. Si les nationalités qui viennent de retrouver leur indépendance l’avaient jadis perdue, ce n’avait pas été sans raison. Elles avaient succombé à la supériorité d’organisation