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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

de rival. Il s’ensuit, contrairement à un préjugé encore trop répandu, en dépit de la preuve instantanée qu’a fournie la chute du tsarisme, que notre véritable clientèle, dans ces parties primitives de l’Europe, se trouve en général dans les classes les plus raffinées et les plus conservatrices. Les masses populaires dont les représentants sont au pouvoir n’ont pas ces raisons profondes d’attachement à la France qui résultent surtout d’une bonne éducation. La loi du nombre ne nous favorise pas.

D’ailleurs, par un curieux renversement des choses, la France de la Révolution est deve­nue le pays le plus réactionnaire du monde. Aux yeux des masses prolétariennes et paysannes de l’Europe orientale, qui tendent vers des formes barbares de dictature beaucoup plus que vers la démocratie parlementaire, nous sommes un peuple de « bourgeois ». Rien n’est plus vrai. Compter que les sympathies de « gauche » nous sont acquises au dehors, ce serait nous exposer à des déceptions.

Mais on s’apercevra qu’il y a dans le monde quelque chose qui n’est pas changé à notre avantage, quand nous aurons affaire à des mi­nistres qui n’ont pas eu de précepteur français et qui n’ont étudié que dans les Universités allemandes, si ce n’est à l’école du socialisme allemand. Nons étions partout de plain-pied dans l’ancienne Europe. La communication s’établissait sans peine par les cours, le monde, la haute administration. Le règne d’un nationa-