et très faible. La sécurité manque à tous ces pays dont la construction n’est ni naturelle ni rationnelle. La force leur manque également. Et quand des peuples ne se sentent ni forts ni sûrs, leur politique louvoie.
Les provinces « rédimées » ou conquises qui ont doublé la Roumanie, triplé la Serbie, accru la Grèce dans des proportions excessives, n’ont d’ailleurs pas ajouté autant qu’il semble à la puissance de ces États. Imaginons que l’Alsace-Lorraine soit égale en superficie et en population au reste de la France. Imaginons qu’une telle Alsace n’eût jamais fait partie de l’unité française ou n’en eût fait partie que dans des temps très lointains. Quelles difficultés nous aurions à l’administrer ! Voilà justement le cas des États qui ont été dotés de vastes provinces. L’assimilation de ces territoires et de leurs habitants sera longue et délicate, quand elle ne sera pas pénible. C’est une œuvre qui laissera aux gouvernements peu de loisir et peu de liberté, en même temps que la conscience de leur fragilité ajoutera à leur peur naturelle des coups. Bien mieux placés que nous pour mesurer les périls de la situation dans l’Europe centrale, loin de courir à des alliances en vue de la guerre défensive contre l’Allemagne et à plus forte raison contre une coalition germano-russe, les alliances qu’ils concevront seront conclues comme une assurance contre les risqus. Ainsi la « petite Entente », qui s’est formée entre Prague, Belgrade et Bucarest au mois d’août 1920, quand la