inégales. Le plus grand serait la Pologne si, en ce moment encore, il y avait rien de moins assuré que les frontières et peut-être le sort de la République polonaise. Les autres varient entre une quinzaine de millions d’habitants (Tchéco-Slovaquie), sept ou huit (Autriche et Hongrie), un, deux ou trois pour le reste.
Dans toute l’Europe orientale et centrale, il y a des « marches » et des « confins » qui ne résultent pas seulement de la configuration du sol et de l’absence de limites naturelles. Les limites dites naturelles sont loin d’avoir un caractère absolu. Si, en Occident, la géographie semble les indiquer, l’histoire y a plus de part encore. Ailleurs, il y a beaucoup de nationalités et peu de nations. Ce qui fait une nation, c’est l’habitude de vivre ensemble. La frontière a un sens précis quand des hommes savent qu’au delà du poteau cessent des mœurs, des coutumes, des souvenirs auxquels ils sont attachés. Dans les nouveaux États, rien de pareil à ce contour idéal, plus résistant qu’aucun rempart. Tout y est neuf, imprécis et amorphe. Dix, vingt, cent combinaisons politiques et distributions territoriales différentes de celles que la paix a décrétées sont possibles et ne seraient ni plus ni moins raisonnables. Pourquoi une ville libre de Dantzig ? Pourquoi le district de Teschen, où cohabitent des Polonais, des Allemands et des Tchèques, partagé de telle manière plutôt que de telle autre ? Pourquoi la nationalité ruthène est-elle niée quand la voisine se voit reconnaître