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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

l’est. L’alliance russe a rendu des services incontestables. Avons-nous le droit d’espérer que cette alliance renaîtra ? Si la diplomatie française persiste à compter sur le retour d’une Russie loyale, libérale par surcroît, attachée à nous par la sympathie, la gratitude, les liens d’une amitié populaire, encore plus fidèle et constante que n’avait été la Russie de Nicolas II, si l’on comptait sur une Russie qui n’aurait même plus de Stürmers, il est probable que la France se ménagerait une autre sorte de dé­boires. Nul ne sait ce qui sortira de la Répu­blique des Soviets, ni ce qui lui succédera. Nul ne sait si elle sera renversée violemment ou si elle se transformera en évoluant. Nul ne sait non plus si la Russie ne passera pas par une anarchie d’une autre sorte, par un autre « temps des troubles ». Mais, en toute hypothèse, il n’est guère concevable que le régime communiste, après avoir obéi, dans sa politique exté­rieure, à quelques-unes des lois historiques de la Russie, n’engage pas lui-même la suite de l’avenir. Si peu « démocratique», au sens où le prennent les Occidentaux, que soit le gouver­nement de Lénine, il est difficile de penser que l’autocratie bolchévik ait mu contre leur gré cent millions de Russes plus facilement que ne les mouvait l’autocratie tsariste. Au cas où l’on ver­rait l’armée rouge refuser de continuer la lutte contre la Pologne et les « agents de l’Entente » comme l’armée russe de 1917 a refusé de con­tinuer la guerre contre l’Allemagne, bien des