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LE JEU DE TRENTE-DEUX CARTES

vait à chaque instant sollicitée de sacrifier l’une à l’autre. De là est venu le fameux « secret du roi ». On a été, on est encore sévère pour la politique extérieure et le « secret » de Louis XV. On rendra mieux compte, d’ici peu d’années, que l’alliance polonaise, dont la faiblesse a été montrée par l’alerte de 1920, doit entraîner des complications très semblables, sinon pires. Nous verrons si la France contemporaine s’en tire mieux.

Tout indique le sens de ces complications. Elles ne peuvent manquer de se produire du côté de la Russie. Depuis qu’il y a une Russie, l’alliance franco-russe a été tentée ou nouée dix fois, tant elle paraissait naturelle à notre besoin de contrepoids oriental, tant la Russie nous paraissait créée pour répondre à ce besoin. C’est au point qu’on a voulu voir dans l’alliance franco-russe comme une harmonie préétablie. Pourtant, chaque fois qu’elle est entrée en pratique contre l’Allemagne, cette alliance s’est terminée par une défection du côté de la Russie. Si grave qu’ait été la trahison de 1917, si dures qu’aient été pour la France et la paix séparée et l’infidélité de Brest-Litovsk, où les bolchévicks ont renouvelé en somme le coup de Pierre III, il faut reconnaître que, si le concours militaire de la Russie avait été, pendant la phase de la collaboration, inférieur aux illusions qui étaient nourries chez nous, il avait été extrêmement utile. Ainsi a été démontrée, pour la sécurité de l’Occident, la nécessité d’une forte diversion à