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donnait raison. Joseph rentra au fort, l’esprit possédé du drame cornélien, les oreilles bourdonnantes des vers héroïques. Et, quand ses camarades racontèrent l’em­ploi de leur permission, il dit qu’il avait été au théâtre.

— Qu’as-tu vu ? lui demandèrent-ils.

Il répondit gravement :

— J’ai vu Polioute, et je voudrais le voir encore. C’est ainsi que, toute sa vie, le sobriquet lui en resta. Car il ne put jamais prononcer correctement le nom difficile du saint dont Siméon Mé­taphraste a rapporté le martyre.

Le mois d’après, l’artilleur rendit visite à M. Levreau, son « pays ». Il lui parla de « Polioute », à quoi le restau­rateur n’entendit rien. Il comprit seule­ment que Joseph aimait le théâtre et lui promit, avec l’aide du