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HISTOIRE DE DEUX PEUPLES

sa vivacité, résume en deux lignes : « Le nom de Saint-Empire subsistait toujours. Il était difficile de définir ce que c’était que l’Allemagne et ce que c’était que cet Empire. » La définition, pourtant, avait été donnée dès le premier jour, quand Oxenstiern avait parlé d’une confusio divinitus conservata, d’une anarchie pourrait-on traduire, conservée de main de maître, et cette main était celle de l’étranger. Chose admirable : les Allemands ne s’en sont pas aperçus au moment même, ils n’ont pas vu pourquoi la France montrait tant de sollicitude pour leur liberté, et ils n’ont compris la vérité que de nos jours.

Bienfaisant pour la France, de qui il semblait écarter à jamais le péril germanique et qu’il a, en fait, jusqu'à 1792, mise à l’abri des invasions, le traité de Westphalie ne se réduisait pas à la conception de l’intérêt immédiat, et, si l’on peut dire, de l’intérêt brut de notre pays. Ce qui rendait particulièrement solide cette audacieuse construction politique, c’est qu’elle partait d’un principe général auquel l’Europe fut dès lors intéressée. Qu’il est étrange d’entendre aujourd'hui les héritiers spirituels des révolutionnaires qui ont détruit l’œuvre diplomatique de la monarchie se plaindre des ambitions du nouvel Empire germanique et réclamer un régime international où l’indépendance des moyens et petits États soit respectée ! Dans leur impatience de rétablir ce que la Révolution a détruit, il y a l’aveu d’un long siècle d’erreurs.

Toutes les mesures que l’imagination de nos publicistes, par les moyens souvent les plus chimériques ou les plus inefficaces, rêva de prendre pour protéger le monde contre le fléau allemand, elles avaient été obtenues par le traité de Westphalie. Pluralité des États : c’est le principe de l’équilibre qui exclut la monarchie universelle. Indépendance des États : point d’abus de la force possible contre les faibles. Droit d’intervention contre les