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HISTOIRE DE DEUX PEUPLES

des tribus germaniques plus lointaines et plus barbares, et qui, en même temps, se laisseraient pacifiquement pénétrer par nos idées et par nos mœurs. Dès lors, l’extension de notre frontière jusqu’au Rhin pouvait s’accomplir sans heurts et sans risques. Tout était bénéfice dans l’opération…

Il a fallu trente ans de guerres au XVIIe siècle pour ruiner la puissance impériale, c’est-à-dire pour battre l’Allemagne. Il est vrai qu’elle fut si complètement battue que les vainqueurs purent en disposer à leur gré. Et elle fut moins longue à se remettre de ses ruines matérielles qu’à sortir de l’impuissance politique dans laquelle elle fut fixée.

Richelieu était mort avant d’avoir vu le couronnement de son œuvre. Mais les principes de sa politique étaient si bien établis, sur des bases si solides et avec une telle clarté, que sa disparition ne changea rien aux affaires en cours. Un ambassadeur de la République de Venise, endroit où l’on s’entendait à la diplomatie, écrivait à son gouvernement après la mort du grand cardinal : « On peut dire qu’ayant bouleversé l’Empire, troublé l’Angleterre, affaibli l’Espagne, Richelieu a été l’instrument choisi par la Providence pour diriger les grands événements de l’Europe. » Ce bouleversement de l’Empire, qui était le résultat auquel tendait la politique française depuis de longues années, fut obtenu par les célèbres traités de Westphalie. Il ne fut pas nécessaire d’innover, pas même de se livrer à de grands efforts d’imagination. La paix française, que l’Allemagne reçut sans déplaisir — ce qui était le comble de l’art, — reposait sur des données expérimentales, et n’était que le développement de principes politiques dont la bienfaisance avait été reconnue.

Les traités de Westphalie, modèle de toute paix sérieuse et durable avec les pays germaniques, comprenaient quatre éléments essentiels, harmonieusement combinés à l’effet d’interdire