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HISTOIRE DE DEUX PEUPLES

étendu et perfectionné ses alliances avec les seigneurs et les villes du Rhin, alliances qui annonçaient la Ligue célèbre par laquelle Mazarin devait mettre plus tard les populations rhénanes au service et dans la sphère d’influence de la France. Philippe le Bel n’eut besoin de mobiliser une armée ni contre Adolphe de Nassau, ni contre Albert d’Autriche. Ses diplomates suffirent à la tâche. Et quand Albert mourut, le roi de France poursuivit sa politique en posant la candidature de son propre frère Charles de Valois à l’élection impériale. Ce fut Henri de Luxembourg pourtant qui fut élu. Mais par l’éducation, par le langage, par les mœurs, Henri était un prince de notre pays, et de son règne date la première époque du rayonnement de la France, des mœurs, des idées et de la littérature françaises en Allemagne.

La méthode de l’intervention politique et diplomatique s’était montrée efficace. La royauté française n’en voulut plus d’autre dans ses rapports avec l’Allemagne, d’ailleurs tombée en pleine anarchie. Nos rois ne connurent que cette politique à l’égard des choses d’Allemagne jusqu’à Charles-Quint, c’est-à-dire jusqu’au moment où se présenta une situation nouvelle et où apparut la nécessité de la lutte à main armée contre la maison d’Autriche.

« Pas plus que ses prédécesseurs, dit un historien du moyen âge, Philippe le Bel ne voulait d’une guerre ouverte avec l’Empire : les voies diplomatiques lui semblaient préférables, et ses successeurs penseront de même jusqu’à François Ier. Les guerres entre la France et l’Allemagne avant le XVIe siècle ne furent jamais que des escarmouches sans importance. » Et quand il fallut recourir aux armes, l’expérience acquise au cours des siècles ne fut pas négligée. C’est précisément dans ces circonstances que fut fixé le système de protection des « libertés germaniques », système de garantie de l’anarchie allemande, en réalité, et sur lequel l’ancien régime ne devait plus varier.

L’anarchie allemande des temps passés forme un contraste complet avec cette organisation, cette discipline où l’on a cru