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première puissance appelée à recueillir le bienfait d’une coalition contre la Prusse, nous ne le savons que trop, c’eût été la France.

La Sainte-Alliance, avec ses Congrès périodiques pour le règlement des affaires européennes, a réalisé l’effort le plus sérieux qu’on ait vu, dans les temps modernes, pour garantir la paix de l’Europe. Cette entente internationale reposait sur des principes de conservation auxquels la France, pour son bien, n’eût jamais dû toucher.

Ce fut au contraire la France, avec le gouvernement de Napoléon III, né de l’opinion publique, qui porta atteinte aux traités de 1815 et qui inaugura, contre eux, la politique des nationalités. Nous savons ce qui en est issu : nos défaites, la mutilation de notre territoire, notre abaissement, la grandeur des puissances rivales et, en 1914, une guerre plus terrible que toutes les autres, une cinquième invasion. Le milieu du XIXe siècle, de ce point de vue, est une grande date européenne, dont les effets se font sentir jusqu’à nous. L’unité allemande, refoulée, redevenue chimérique en 1815, rentre dans le domaine des choses possibles après 1848. Il nous reste à voir comment la dynastie des Hohenzollern a su se servir des erreurs et des fautes de la France pour faire de l’Allemagne une puissance unie, redoutable à tous les peuples.