les finances. Venue pour porter remède au déficit et pour alléger les impôts, elle se trouvait devant un déficit agrandi et devant la nécessité de créer un impôt plus lourd que tous ceux qui existaient avant elle. Pour ces représentants de la classe moyenne, c’était un coup terrible. Assurément ce n’était pas cela que le tiers avait espéré. Il apparaissait, à travers les paroles de Necker, paroles de financier toujours, qu’une révolution n’était pas un bon moyen de résoudre la question d’argent dont la France s’était tant alarmée et tant plainte. L’Assemblée craignit le désaveu qu’elle s'infligerait à elle-même sur cette partie de son programme, puisque le gouvernement constitutionnel qu’elle voulait fonder avait promis de faire mieux que la monarchie absolue. Elle fut sur le point de repousser la taxe. Alors Mirabeau, doué plus que les autres du sens de l’État et du gouvernement, intervint et entraîna la majorité en lui montrant qu’elle périrait encore plus sûrement par la « hideuse banqueroute ». C’est elle, en effet, qui devait tuer la Révolution peu d’années plus tard.
Dans l’histoire, la division des chapitres est le plus souvent artificielle, les coupures sont arbitraires, parce que les événements ne s’arrêtent jamais. Quand la Révolution a-t-elle commencé ? À quel moment le règne de Louis XVI a-t-il vraiment pris fin ? On peut donner des dates diverses. Il nous paraît rationnel de fixer les journées d’octobre pour les raisons que nous allons dire.
Les états généraux s’étaient ouverts selon des principes et avec un cérémonial également traditionnel. Puis la distinction des trois ordres, distinction essentielle, avait disparu. Les états étaient devenus une Assemblée Nationale qui s’était proclamée Constituante. Pendant qu’elle s’occupait à donner une Constitution au royaume, c’est-à-dire une nouvelle forme à la société et au gouvernement, non seulement elle avait été impuissante à porter remède à la maladie financière, en raison de laquelle avaient été convoqués les états, mais encore elle l’avait aggravée. Il y avait donc eu des surprises et des déconvenues pour tout le monde. Mais si le roi, comme l’Assemblée, comprenait, beaucoup mieux qu’on ne l’a dit, qu’il s’agissait bien d’une révolution, on était encore trop près du point de départ pour ne pas croire que tout s’arrangerait. On en était trop près aussi