marquer qu’il entendait s’inspirer des réformateurs qui étaient apparus à la fin du dernier règne et inaugurer un gouvernement libéral d’un genre nouveau, bizarre mélange de féodalité et de libéralisme, d’imitation de l’Angleterre et d’antiquité mérovingienne. D’autres mesures furent prises, notamment l’abolition des rigueurs contre les jansénistes auxquels Louis XIV n’avait jamais pardonné d’avoir participé à la Fronde. C’était en tout le contre-pied du défunt roi, et par des moyens faciles, car on était fatigué de l’austérité dans laquelle avait fini par s’enfermer la cour de Versailles. La Régence fut une réaction contre la piété, les confesseurs, les jésuites, et le duc d’Orléans, homme d’ailleurs agréable et généreux, devint l’idole d’une grande partie du public jusqu’au jour où, par une autre exagération et une autre injustice, on s’est mis à le peindre comme un monstre de débauche.
L’inconvénient des conseils, de ce gouvernement à tant de têtes, ne tarda pas à être senti et ils furent supprimés. Il n’en est pas moins vrai que ces changements, ces prétendues réformes brusquement annulées, le retour des Parlements à l’activité politique, puis le coup de force par lequel, en 1718, le Régent, toujours avec l’aide des hauts magistrats, retira aux Légitimés la qualité de princes du sang, ébranlèrent la machine de la monarchie telle que Louis XIV l’avait réglée.
Le trouble fut peut-être pire dans la politique extérieure. La pensée, le testament de Louis XIV n’y furent pas plus respectés que ne l’avaient été ses dispositions de famille. En face de l’Angleterre, sortie du traité d’Utrecht toute-puissante, la France avait sans doute la paix à sauvegarder, mais aussi son indépendance et son avenir. L’Espagne, l’Autriche, qui ne nous menaçaient plus, pouvaient entrer avec nous dans un système d’équilibre continental et maritime : il y avait encore les restes d’une marine espagnole et l’empereur, aux Pays-Bas, allait tenter de s’en créer une par la compagnie d’Ostende. Ces possibilités n’échappaient pas à la politique anglaise qui mit en jeu, pour les détruire, les ressorts que lui offraient les circonstances : effrayer le Régent par la menace d’une guerre à laquelle d’ailleurs elle ne songeait pas, et lui garantir, avec le pouvoir, la succession qui, au cas où le jeune roi disparaîtrait, lui serait disputée par Philippe V. Duclos affirme qu’un an avait