Page:Bainville - Heur et Malheur des Français.djvu/445

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si conforme à la position de la France et à ses intérêts. Henri IV cherchait l’équilibre et non l’utopie.

Il était prêt à chasser les Habsbourg de Juliers, au risque d’une guerre, pour en éviter une plus grave dans l’avenir. Ces préparatifs n’allèrent pas sans murmures. On racontait que le roi s’alliait à tous les protestants d’Europe pour combattre la religion catholique et même le pape. Propagées par l’ennemi, ces fables couraient la France. Il y avait aussi, jusqu’à la cour, un parti qui était hostile à un conflit avec l’Autriche et l’Espagne. Dans cet émoi du sentiment public, où remontaient les souvenirs des guerres de religion, il se trouva un esprit faible et exalté pour penser au régicide. En assassinant Henri IV, le 14 mai 1610, Ravaillac crut faire œuvre sainte. Son crime reproduit celui de Jacques Clément. Henri IV est tombé sous le couteau d’un revenant de la Ligue, comme Henri III sous le couteau du moine quand la Ligue était dans son ardeur.