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assassinat, fin d’une longue série d’intrigues, sera entouré de haines et de complots. Avant de tomber rue de la Ferronnerie, il échappera à d’obscurs régicides comme Jean Châtel, il devra condamner à mort un haut conspirateur comme Biron. Entre les catholiques et les protestants, la balance sera difficile à tenir, les catholiques toujours en méfiance contre l’hérésie, les protestants, avec leur « esprit inquiet », toujours avides de ces « sûretés » par lesquelles ils tendaient à former un État dans l’État.

Henri IV passa encore quatre ans en opérations de police, en négociations et en marchandages de toute sorte avant de redevenir le maître dans son royaume. Il achetait ceux qu’il ne pouvait réduire et beaucoup d’anciens ligueurs, parmi lesquels les princes de la maison de Lorraine, vendirent très cher leur ralliement. Mayenne fut pardonné parce qu’il n’avait jamais accepté le démembrement de la France : l’idée du roi, celle de la réconciliation nationale, paraissait dans ce noble motif.

La Ligue n’abdiqua vraiment comme organisation politique que le jour où Henri IV eut reçu l’absolution du pape. Restait à vaincre l’obstination de Philippe II qui ne se résignait pas au relèvement de la France et qui gardait encore chez nous quelques complices. Henri IV appela le pays à s’affranchir tout à fait de l’étranger. Cette guerre de délivrance devait effacer le souvenir des guerres civiles, et le calcul était bon. Malheureusement, la France était si épuisée que, malgré un succès à Fontaine-Française, nous éprouvâmes de sérieux revers. En 1595, Amiens fut pris, Paris menacé et il fallut solliciter le secours de l’Angleterre qui se fit beaucoup prier, demanda même, ce qui lui fut de nouveau refusé, de mettre des soldats à Calais, et nous aida faiblement sur terre mais se chargea volontiers de poursuivre les Espagnols sur mer. L’Espagne ne s’était jamais remise du désastre naval de l’Armada. Il fallut qu’elle fût épuisée elle-même pour que Philippe II consentît à signer la paix de Vervins. Il avait perdu la partie en France et il l’avait à moitié perdue aux Pays-Bas. La Hollande s’était affranchie et le nouvel État, les « Provinces-Unies », formé par de durs combats pour sa liberté, ajoutait un élément actif à la politique de l’Europe.

Presque en même temps que la paix de Vervins fut signé