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intelligent, mais agité, inquiet, irrésolu, ébranlé aussi par les troubles et les difficultés de son règne. Le 23 octobre, il se résignait à signer une sorte d’acte d’abdication qui remettait provisoirement le pouvoir à son frère Guillaume. Ce provisoire devint bientôt définitif.

Or Bismarck savait que le régent le redoutait et lui gardait rancune de quelques désaccords entre leurs idées au cours des événements précédents. Guillaume Ier était un militaire qui reprochait à Bismarck, comme autant de faiblesses et de capitulations, ses habiletés diplomatiques. Bismarck ne se dissimula pas que sa carrière était compromise, qu’il aurait fort à faire pour conserver son rang et surtout son influence. Il ne se trompait pas. Malgré son activité, ses démarches, son dévouement habilement témoigné au nouveau souverain, il fut remplacé à Francfort par Usedom et envoyé à l’ambassade de Pétersbourg, presque en exil.

Il avait alors quarante-cinq ans, La disgrâce, si elle devait persister, ne lui promettait plus guère que des promenades de mission en mission. Bismarck se demandait s’il ne serait pas plus sage de prendre sa retraite, de renoncer à ses ambitions, de regagner son domaine de Schœnhausen et d’y vivre en gentilhomme, avec d’assez beaux souvenirs et des honneurs. Sa femme l’y engageait. Une grave maladie, qu’il fit alors, faillit l’y déterminer. Une blessure d’apparence bénigne, venue d’une chute à la chasse, prit de telles proportions, qu’on parla de l’amputer d’une jambe. Il s’y refusa. Mais l’acci-