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a raconté cette scène qui, si elle est vraie, est à l’honneur de la souveraine :

Cavour venait de mourir. Un conseil des ministres se tenait au palais de Fontainebleau. L’impératrice y assistait. — M. le ministre, dit le souverain à M. Thouvenel, veuillez, je vous prie, renseigner le conseil sur l’état de nos relations avec l’Italie. — Le ministre tira de son portefeuille et se mit à lire le rapport concluant à la reconnaissance du nouveau royaume. Au milieu de la lecture, la souveraine se leva brusquement, avec les signes d’une violente agitation. Des larmes jaillissaient de ses yeux. Elle quitta la salle reconduite par le maréchal Vaillant, sur la prière de l’empereur.

En face de cette scène, M. Henri Genevois en place une autre qui fait pendant. Elle est rapportée par le sceptique Mérimée dans une lettre à Panizzi. « Il y a quelques jours », raconte Mérimée le 11 juillet 1862 :

la princesse Mathilde avait eu l’imprudence d’aller à la messe à Saint-Gratien, où elle a une maison de campagne. Le curé s’est avisé de faire une prière improvisée pour que le bon Dieu ouvrît les yeux des grands de la terre et leur inspirât de ne plus persécuter le vicaire de Jésus-Christ. La princesse s’est levée furieuse et est sortie de l’église sur-le-champ.

Le rapprochement est piquant. Et l’événement a montré depuis laquelle avait raison de l’impératrice Eugénie ou de la princesse Mathilde. L’une avait réagi en catholique, l’autre en pure « napoléonienne ». Et c’est la première qui voyait en même temps l’intérêt de la France. Ses larmes, tout Fran-