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l’accuse, c’est elle qui a vu clair. On a raconté bien des fois que l’impératrice était légitimiste. On connaît le mot du duc de Morny, qu’Alphonse Daudet, alors jeune homme et qui lui servait de secrétaire, voulait quitter sous prétexte qu’il était royaliste : « Qu’est-ce que cela fait, répartit tranquillement Morny, l’impératrice l’est bien ! » M. Henri Genevois, qui ne manque pas de citer de nouveau cette anecdote, ajoute ceci : « L’impératrice avait repris un projet de la Restauration et s’était mis en tête de faire canoniser Louis XVI et Marie-Antoinette. La femme de Napoléon III voulait reprendre l’œuvre des Bourbons… » Plût au ciel qu’elle y eût réussi plus complètement et plus tôt et que son influence eût toujours été assez forte pour empêcher les fautes qu’elle voyait commettre et qui révoltaient son sentiment conservateur. Alors que l’empereur et avec lui toute l’opinion libérale s’engouait follement pour l’idée de l’Italie une, l’« Espagnole » voyait plus juste que tous les Havin et tous les Guéroult. Le catholicisme fut pour elle un bon inspirateur dans cette circonstance. Et si son ascendant avait pu l’emporter sur les chimères de Napoléon III, sur la pression des libéraux, sur les engagements pris à l’égard des révolutionnaires italiens, peut-être la funeste campagne de 1859 n’aurait-elle pas eu lieu. Et que de conséquences désastreuses eussent été évitées ! Du moins fit-elle tout son possible pour empêcher la reconnaissance du royaume d’Italie. Imbert de Saint-Amand, dans son livre sur le Règne de Napoléon III,