Il va sans dire après cela que l’intérêt de la France est totalement étranger aux saintes écritures de M. Ernest Denis. Ni science ni réalisme. Nous sommes dans le domaine de la théologie pure. On sent que ce professeur ne dit jamais « nous » en parlant de la France que par un reste d’habitude. Mais la notion de France n’existe pas en réalité pour M. Denis. Il distingue, sur le sol français, des catholiques, des bourgeois, des bureaucrates, des prolétaires, de bons croyants de l’observance humanitaire et des croyants plus tièdes. Mais la France, il ne sait ce que c’est. À titre d’exemple, voici, à propos de la guerre de 1866 et de Sadowa, la manière dont M. le professeur Denis apprécie la victoire prussienne et ses conséquences. Recherchant « les causes de la catastrophe », il écarte d’abord la responsabilité personnelle (maladresse, hésitation, maladie) de Napoléon III. Ces causes pour lui sont toutes morales. La France, dans cette affaire, fut punie de n’avoir pas soutenu assez franchement le droit des peuples. Donc, ces causes, dit M. Denis,
il convient de les chercher dans l’évolution entière de
la France nouvelle qui, tiraillée entre des tendances contradictoires,
ne parvenait pas à opter entre la politique du passé et celle de l’avenir, entre les traditions conservatrices et l’optimisme révolutionnaire, entre les défenseurs de l’équilibre européen et les prophètes des nationalités. Les diplomates de carrière, dont Thiers fut à cette époque le porte-parole, demandaient que l’on maintînt les traités de Vienne qui, s’ils nous avaient enlevé les conquêtes de la Révolution, garantissaient notre sécurité en établissant sur nos frontières des petits États, divisés et contenus par