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lui à l’improviste, et dans l’instant où tout semblait fini, anéantissait son œuvre. Le marin sombrait sur un écueil caché au moment d’entrer au port. » Et, les jours qui suivirent, Bismarck, tant sa contrariété était vive et son bouleversement profond, changea d’humeur, finit même par tomber malade et par prendre le lit.

Le roi de Wurtemberg n’avait risqué une rupture qu’en se retranchant derrière le gouvernement bavarois. La Bavière, qui avait figure de puissance, et, qui mieux est, de puissance catholique et voisine de l’Autriche, pouvait, devait même, quelle que fût la timidité de son gouvernement, dicter ses conditions à la Prusse. Une intrigue sérieuse paraît avoir été nouée a ce moment-là entre Munich et Stuttgart. Car les exigences de la Bavière furent soutenues par ses plénipotentiaires avec plus d’énergie et d’insistance que jamais à partir de ce 11 novembre. L’historien allemand décrit ainsi la situation grave où Bismarck se trouvait à cette date :

Depuis que le Wurtemberg lui avait cassé dans la main, Bismarck se voyait dans la nécessité plus pressante que jamais de gagner la Bavière à quelque prix que ce fût. L’importance du télégramme de Stuttgart paraît plus considérable encore, si l’on examine la situation générale qui devait obliger Bismarck à faire des avances à la Bavière.

Ce furent les semaines les plus remplies d’angoisse que le chancelier vécut devant Paris. L’arrêt des progrès du siège avait naturellement fait impression au dehors. Il semblait que le terme des victoires allemandes fût marqué. Au quartier général, le dissentiment entre partisans et non-partisans