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un immense effort pour conjurer ce qui devint l’inévitable après avoir été si longtemps l’improbable. Mais il aurait suffi de si peu pour changer les destinées de la France et de l’Europe, précisément avant cette date de 1866 ! Tout ce qui s’est passé en 1870 encore suffit à le montrer.

Durant les multiples négociations que Bismarck avait dû ouvrir avec les gouvernements particuliers dès qu’il avait été assuré du succès de ses armes en France, le chancelier se montra constamment soucieux, et incertain de la tournure que les choses allaient prendre. « Je suis dans une extrême inquiétude », avouait-il un jour devant ses familiers. « Nous nous balançons sur la pointe d’un paratonnerre. Si nous perdons l’équilibre que j’ai eu tant de peine à établir, nous sommes précipités. »

Cet équilibre, il faillit le perdre dix fois entre septembre 1870 et janvier 1871. Il faudrait un volume pour écrire l’histoire de ces intrigues et de ces tractations. Il en faudrait un autre, qui ne serait pas sans pittoresque, pour peindre ces cours, petites ou grandes, entre lesquelles se nouait la résistance contre la Prusse et l’unité. Quelles ruses, quelles flatteries, quelles menaces Bismarck ne dut-il pas employer pour amener les princes à faire le sacrifice d’une partie de leur souveraineté !

Plus encore que la Bavière, c’est peut-être le Wurtemberg qui inquiéta le chancelier. Déjà, au mois de juillet, lorsque, suivant les conditions du pacte fédéral, le prince Frédéric-Charles avait fait dans l’Allemagne du Sud sa tournée d’inspection mili-